La méthodologie de la Note de synthèse

La note de synthèse « version 2022 » est affectée d’un coefficient 3. Elle est rédigée en cinq heures, à partir de documents relatifs aux aspects juridiques des problèmes sociaux, politiques, économiques ou culturels du monde actuel.

L’épreuve de note de synthèse devient donc l’épreuve principale de l’examen d’entrée à l’école des avocats.

Cette épreuve est bien souvent inédite chez les étudiants en droit. Bien qu’aucun apprentissage spécifique n’est demandé, il convient cependant d’avoir une bonne culture générale, de se mettre au courant des thèmes importants en matière sociale, politique ou économique.La méthodologie est souvent redoutée. Je vous livre ici une méthodologie personnelle que j’ai pu élaborer au fur et à mesure de mon année de préparation.

LES CONSIGNES DU CNB POUR L’EPREUVE DU CRFPA 2022 :

Note de synthèse, rédigée en cinq heures, à partir de documents relatifs aux aspects juridiques des problèmes sociaux, politiques, économiques ou culturels du monde actuel » (article 5-1° de l’arrêté du 17 octobre 2016) :

Le dossier documentaire peut comprendre des documents divers (articles de doctrine, textes normatifs, arrêts, articles de presse, extraits d’ouvrages, cette énumération étant purement indicative). Le dossier ne devrait pas dépasser 20 documents et 30 pages, sans que ces limites soient impératives.

L’épreuve est destinée à apprécier, notamment, les capacités de synthèse du candidat : la limite de quatre pages ne doit pas être dépassée.

La qualité rédactionnelle est prise en compte (les déficiences orthographiques et syntaxiques, les impropriétés de termes, l’inélégance de style, les obstacles divers à la lisibilité du texte sont sanctionnés).

Un plan apparent (avec des titres concis), dont la structuration est laissée à la libre appréciation du candidat, s’il n’est pas obligatoire, est recommandé.

La note de synthèse doit consister en une synthèse objective des éléments du dossier documentaire, et seules les informations contenues dans le dossier peuvent être utilisées. La référence au numéro du document peut s’avérer nécessaire à la bonne compréhension de la synthèse et est recommandée.

Une brève introduction est recommandée. Une conclusion n’est pas nécessaire.

IMPORTANT :

  • Cette méthodologie est personnelle. Elle ne vous conviendra donc pas forcément dans tous ses aspects. A vous de l’adapter (dans l’ordre des lectures des documents par exemple).
  • Lors de vos premiers entraînements (à l’IEJ ou à la prépa), ayez avec vous votre feuille de méthodologie et faites un check-up des différentes étapes à respecter.
  • La note de synthèse demande de la rapidité et de l’efficacité. 5h c’est à première vue très long mais l’épreuve de la note de synthèse est celle que j’ai vu passer le plus vite. (je suis tombé sur un dossier de 67 pages, ce qui ne serait plus possible aujourd’hui..). Depuis la réforme de 2017, le nombre de documents a été limité et le dossier ne devrait pas dépasser 20 documents et 30 pages, sans que ces limites soient impératives.

RÈGLES GENERALES :

La première difficulté est de réussir à gérer le temps. De façon globale, une copie non terminée à l’examen n’a pas la moyenne si bonne soit-elle. La gestion du temps fait donc partie intégrante de l’exercice. (ACHAT FONDAMENTAL : une montre pour le jour de l’épreuve).

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Vous devez avoir en tête plusieurs grandes étapes durant l’épreuve de la note de synthèse :

  • l’étape de la lecture ;
  • l’étape de l’élaboration du plan ;
  • l’étape de la rédaction.

Il va vous falloir fixer un temps à chacune de ces étapes auquel il faudra impérativement vous astreindre. La réussite à cette épreuve passe par une très bonne maîtrise de son temps à chaque étape.

Voici mon découpage temporel :

  • lecture : 1h30 – 2h
  • réflexion sur le plan : entre 45 minutes et 1h.
  • Rédaction : 2h
  • Temps de relecture : 10 minutes

Objectif de la Note de synthèse

C’est de détecter de manière objective les enjeux du dossier. Ce qui est le plus important à comprendre dans la note de synthèse, c’est que l’on ne nous demande pas notre avis. L’enseignant de mon IEJ nous demandait de nous imaginer en stage en cabinet d’avocats avec un travail de recherche sur un sujet précis et une synthèse à rendre in fine.

La matière à traiter est le dossier et uniquement le dossier. Si on a des connaissances, il ne faut surtout pas s’en servir et l’inclure dans la note.

L’objectif pour le correcteur est de tester la capacité d’analyse, d’objectivité, de neutralité et de concision.

Première étape : la prise de contact avec le dossier.

  1. On regarde le sujet : il faut être certain avant de commencer le travail de lecture, de bien avoir compris l’intitulé et de ne pas l’avoir mal formulé.
  2. On survole le dossier afin d’en apprécier la composition globale. Cela permettra d’apprécier le temps de lecture. (imaginez ma tête en voyant 67 pages..).
  3. On étudie la liste des documents (le sommaire). Cette étape est une étape clef car elle nous donne beaucoup d’éclairage sur le dossier. On regarde s’il y a beaucoup d’articles de doctrines, de jurisprudences, de textes de lois, d’articles de presse.. Cela permet d’avoir une première idée sur le sujet  et surtout d’établir un premier ordre de lecture :

Si on a beaucoup d’articles de doctrines, on peut déjà en déduire que c’est un sujet qui donne lieu à débat et sur lequel le législateur ou la jurisprudence ne se sont à priori pas encore prononcés.

Si on a beaucoup d’arrêts, cela peut vouloir dire que c’est un sujet sur lequel la Jurisprudence n’arrive pas à trouver une position commune.

Deuxième étape : regrouper les documents.

L’ordre des documents qui vous sera présenté n’obéit généralement à aucune logique. Le concepteur de la note de synthèse fait même, le plus souvent, en sorte que les documents soient mélangés.

Il est hors de question de lire les documents dans l’ordre !! Il faut les lire de manière logique. Que faut-il entendre par    « ordre logique » ? Il faut regrouper les documents : regrouper les articles de presse ensembles, les articles de doctrines, les textes de lois, la jurisprudence (et parmi la jurisprudence, les arrêtes de CJUE, de la CEDH, du C.E…).

Je vous conseil d’effectuer un classement chronologique :

Pour les articles de presse / doctrine : un classement chronologique

Pour les JP : un classement ante-chronologique (du plus récent pour arriver au plus ancien)

Il convient de faire ce travail de regroupement (Doc 3, 7 et 12 ensemble par exemple) sur une feuille. Cette étape dure 20 minutes.

Troisième étape : la lecture

Il faut commencer la lecture par les articles les plus accessibles. Ce sont les articles de presse généralement puis vient la doctrine. Ensuite la jurisprudence puis les textes de loi. (inutile donc de commencer à s’intéresser aux textes de lois qui seront forcément repris dans la doctrine ou la jurisprudence).

Il faut apprendre à lire entre les lignes, de manière diagonale. Ne pas rentrer dans le détail des documents.

Exemple :  Dans cet article de doctrine AJ Pénal 2006 tiré d’une note de synthèse sur « le recours à la prostitution », le document comporte un sommaire suivi du texte intégral. Inutile de lire le texte intégral, on s’en tiendra au sommaire.

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La lecture de la partie « sommaire » suffira dans cet extrait.

Il faut s’en tenir aux intitulés (souvent en gras), aux résumés pour se faire une idée de ce que dit l’auteur.

Lors de la lecture, j’ai adopté plusieurs méthodes pour résumer l’article et notamment celui du tableau (titre, numéro du document, année et résumé). Attention, cela ne sert à rien de synthétiser chaque paragraphe de l’article car l’on perd énormément de temps.

Un conseil pour ne pas perdre de temps : prendre un « stabilo », surligner les paragraphes qui semblent important et écrire dans la marge les idées, les mots clefs.

Quatrième étape : la rédaction du plan.

Je vous conseil au fur et à mesure de votre lecture, de commencer à rédiger un plan en tout cas une ébauche. Il faut faire rentrer dans 2 grands ensembles et 4 sous-ensembles toutes les notes que vous avez prises.

A la fin de la lecture, vous devez déjà avoir cette ébauche de plan avec 4 sous-parties qui correspondent à 4 idées qui se dégagent de la note.

Rappel : le plan comporte 2 parties et 2 sous-parties. Inutile sur la copie de faire apparaître les petits 1 et 2. En revanche, dans un souci de structuration au maximum de votre note de synthèse, efforcez-vous, au brouillon, de faire apparaître ces 1/ et 2/. J’attire votre attention sur le fait que dans certains IEJ, les correcteurs imposent de faire apparaître sur la copie de manière apparente les 1/ et 2/. Dans ce cas rapprochez-vous des concepteurs / correcteurs de la note de synthèse dans votre IEJ et posez leur la question. (je vous rappel que les corrections n’ont pas été nationalisées et qu’elles restent de la compétence des IEJ qui gardent donc une certaine marge de manoeuvre sur la correction).

Tous les documents doivent être cités impérativement. Certains documents peuvent être cités à plusieurs reprises. Mais cela doit rester exceptionnel. Il est important d’avoir des parties  » étanches », c’est-à-dire que l’on ne doit pas retrouver deux fois la même idée à deux endroits différents de votre note de synthèse. Je crois que c’est une plus grande difficulté de cette épreuve. Alors, il faut bien répartir ses idées. Vous devez arriver à mettre en évidence 4 grands thèmes qui feront les 4 sous-parties. Puis, regrouper ces 4 grands thèmes en 2 grands thèmes qui feront vos deux parties (I et II).

J’ai conscience que cette étape est cruciale et qu’elle est fastidieuse. Mais il faut vous astreindre à prendre votre temps. Vérifiez bien que vos développements correspondent aux intitulés que vous avez « construits ». Je pense qu’il n’y a rien de plus désagréable pour un correcteur de voir un développement hors sujet vis-à-vis de l’intitulé qu’il a pu lire préalablement.

Sur vos intitulés : ne soyez pas trop général. On a tendance à ne pas vouloir se mouiller. C’est à peu près dire au correcteur  » débrouille-toi avec ça ». Je pense que c’était mon erreur principale lors de mes premières notes de synthèse. Je ne qualifiais pas mes titres et je n’étais pas assez précis. Il faut les enrober, les rendre beau ces intitulés. 😉

Les documents que vous citez dans votre introduction (souvent des documents « fourre-tout », ceux que l’on n’aura pas réussi à inclure dans la note) ne doivent pas être réintroduit dans le coeur de la note de synthèse. Il s’agit souvent de documents présentant des statistiques, des documents historiques.

Cinquième étape : l’introduction

Il est nécessaire de rédiger préalablement votre introduction entièrement au brouillon. Evidemment le reste de la note de synthèse se rédige directement au propre. L’introduction est une étape importante. A la lecture de votre introduction et de votre annonce de plan, le correcteur sait très souvent si la note est réussie ou pas.

Il convient de débuter par une phrase d’accroche soit trouvée dans les documents ou qui nous est personnelle. il faut ensuite présenter en 2-3 phrases les enjeux du sujet et annoncer le plan.

Il n’y a pas de problématique en soit. C’est une annonce du sujet

Pour terminer, il faut bien annoncer les deux parties que l’on va traiter.

Derniers conseils :

Pour les documents : il faut bien citer dans chaque partie les documents et mettre le numéro du document entre parenthèse.

Les parties doivent être équilibres en quantité.

Dans l’idéal, essayez de faire une note de synthèse tous les 15 jours.


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11 réflexions sur “La méthodologie de la Note de synthèse

  1. Bonjour,

    Je trouve vraiment sympa cette idée de blog. J’ai, comme vous, réussi le CRFPA cette année, et je reconnais des éléments que j’utilisais pour la Note de synthèse. Je me permets d’ajouter mon expérience.
    Je ne prenais pas le temps de noter, sur une feuille de brouillon, pour chaque document son apport, en revanche, comme vous, je surlignais beaucoup et écrivais dans la marge, surtout les numéros de documents en lien avec celui que je lisais. Pour construire le plan, je construisais des grands rectangles sur une feuilles de brouillon, et dans chacun l’idée maitresse avec les numéros de docs qui étaient dans cette idée. Je faisais environ 6 blocs et ça me permettait de construire mes idées et donc le plan.
    Toujours je gardais en tête : qu’essaie de nous dire le rédacteur de cette note ? Comment pourrais-je l’expliquer à quelqu’un ?
    Je prenais bcp de temps pour rédiger des titres, pour qu’ils ne soient pas du tout scolaires. Mon introduction était entièrement rédigée au brouillon, avec beaucoup de soin pour l’accroche (pour tout de suite se démarquer), le corps de la NDS était rédigé sans brouillon, mais j’avais à coeur de placer, ce que j’appelle en souriant « des mots savants » : truchement, tautologie, sibylline, etc.
    Toujours bien vérifier que l’on a bien mis tous les documents. Et comme vous l’avez rappalé dans votre billet : attention au temps, bien avoir votre montre. Voilà pour mon expérience.

    La clef est l’entrainement. J’ai eu un 16 pour le CRFPA.
    Bon courage pour la promotion 2017 !

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    1. Merci pour ton témoignage ! Effectivement je n’ai pas assez insisté sur les titres : il faut des titres qui soient le plus clairs possibles. Ils doivent donc être court

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  2. Merci pour ton blog qui est vraiment mais alors vraiment un régal durant cette période. J’avais une question concernant la note de synthèse :

    Est-ce qu’il vaut mieux commencer sur la deuxième page de la copie et prendre un intercalaire pour obtenir 4 pages pleines OU appliquer à la lettre la consigne de 4 pages, commencer sur la première page et perdre alors de la place par rapport au volet identité présent chaque début de copie ?

    Je suis en plein dilemme ^^ !

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    1. Je serais partisan d’appliquer à la lettre les consignes et de ne produire qu’une copie double ET donc 4 pages. D’ailleurs y-aura-t-il tellement des intercalaires de distribués lors de l’épreuve de NS ? C’est une vraie Question. Je sais que l’on perd facilement 5-10 lignes en fonction des IEJ Mais je pense que celles-ci sont rattrapables dans la mise en page de votre copie . Par exemple ne sautez pas 2 lignes entre le I et le II Mais plutôt 1 ligne et ne sautez pas du tout de ligne entre vos A ET B. Je sais également qu’il est possible de déborder un peu sur une cinquième page pour ceux qui écrivent « gros ». Mais que faut-il entendre par ecrire gros ? Personnellement je ne prendrais pas le risque. C’est une part importante de la Note. Bon courage et merci de ta venue sur le blog !

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