Quand débuter les révisions pour le Grand Oral ?

Avant de débuter cet article, je tenais à vous souhaiter mes meilleurs voeux pour l’année 2017. Qu’elle soit synonyme de réussite à la fois dans tous les projets que vous entreprendrez et évidemment au CRFPA.

Je me suis demandé si écrire un article sur le Grand Oral début janvier n’était pas un peu prématuré. Après réflexion, je ne le pense pas et notamment au vu des prévisions de la réforme du CRFPA.

Le grand Oral est l’épreuve que les candidats redoutent le plus et à juste titre car le programme est important tout comme son coefficient. C’est un oral avec des symboles fort : l’avocat et la défense des libertés. Mais en anticipant suffisamment l’épreuve, cela devrait bien se passer. Dans cet article, je ne vais développer que les conseils nécessaires aux révisions du Grand oral. Quant aux conseils sur la forme de l’oral et l’attitude à adopter le jour J, j’y reviendrais dans quelques mois..

Le grand oral en 2017 :

Selon l’article 1 de l’arrêté du 17 Octobre 2016 fixant le programme et les modalités de l’examen d’accès au CRFPA, les épreuves d’admission débutent le 2 novembre de chaque année ou le premier jour ouvrable qui suit. C’est le président de chaque université qui fixera le calendrier des épreuves d’admission.

Les épreuves orales d’admission comprennent : 

Un exposé de quinze minutes, après une préparation d’une heure, suivi d’un entretien de trente minutes avec le jury, sur un sujet relatif à la protection des libertés et des droits fondamentaux permettant d’apprécier les connaissances du candidat, la culture juridique, son aptitude à l’argumentation et à l’expression orale.
Cette épreuve se déroule en séance publique.
La note est affectée d’un coefficient 4.

2° Une interrogation en langue anglaise.
La note est affectée d’un coefficient 1.
Les épreuves d’admission sont notées de 0 à 20.

En résumé le Grand Oral en 2017 c’est :

  • une épreuve de 45 minutes
  • un coefficient 4
  • une épreuve dont la note peut varier de 0 à 20. (on peut en déduire qu’il n’y a pas de note éliminatoire).

Le Grand oral « version 2017 » est l’épreuve à ne pas sous-estimer et encore plus que les années précédentes. Cette année, il n’existe plus d’oral de spécialité qui, coefficienté 2, permettait de récupérer quelques points. En 2017, le seul oral qui sera face au Grand oral, sera l’oral d’anglais coefficienté 1. L’oral d’anglais ne pourra pas venir rattraper un grand oral catastrophique.

Au vu des nouvelles modalités de l’examen, du coefficient et du temps de l’épreuve augmenté,  les révisions pour le Grand oral doivent être bien planifiées. Il faut pouvoir répondre à des questions d’un jury composé de trois professionnels du droit dans des spécialités différentes.

Mon expérience du Grand oral :

L’actualité 

Me concernant, pour réviser le grand oral, j’ai beaucoup lu l’actualité durant toute l’année. Notamment le journal « LeMonde Weekend » et son cahier d’actualités « Idées » (voir l’article Réviser le CRFPA : quels manuels ?).

J’ai repris tous les articles du blog « Libertés,libertés chéries »de Roseline Letteron et je les ai compilé dans un fichier sur mon ordinateur.

Voici également les autres blogs, sites internet utiles pour le grand oral :

  • Dalloz Actu
  • JCP Edition générale
  • Site internet du Conseil Constitutionnel et du Conseil d’Etat
  • site internet de la cour européenne : http://curia.europa.eu/
  • groupe Facebook « que pour les juristes »
  • Le Petit juriste (revue distribuée dans les universités)
  • groupe Facebook « Cercle droit et libertés »
  • compte twitter de Pascale Robert-Diard (et son blog de chroniques judiciaires)

Il faut commencer le plus tôt possible à lire l’actualité. C’est une condition sine qua non de réussite au CRFPA. Maîtriser l’actualité et faire le lien avec vos connaissances juridiques. (le jour du grand oral, c’est aussi un moyen de « masquer » un concept juridique que vous maîtriser mal).  Lors de mon grand oral, un des membres du jury m’a demandé de faire un récapitulatif sur la GPA et je savais que la CourEDH avait condamné à nouveau la France fin Juillet 2016 pour avoir refusé de reconnaître la filiation d’enfants nés de mères porteuses en Inde. La maîtrise de l’actualité est une vraie plus-value lors de l’entretien avec le jury.

Le programme a proprement parlé :

I. – Culture juridique générale.
II. – Origine et sources des libertés et droits fondamentaux.
III. – Régime juridique des libertés et droits fondamentaux.
IV. – Principales libertés et les principaux droits fondamentaux.

Le programme est dense. Il faudra s’y prendre tôt et encore plus tôt cette année au vu du coefficient augmenté. Le manuel que je conseille est le Cabrillac. J’avais utilisé un temps le bréviaire de ma prépa mais je l’ai trouvé très fouillis et j’ai abandonné sa lecture. Il est une succession et un empilement de jurisprudence qui rendait très difficile sa lecture.

Au Grand Oral de l’examen, j’ai obtenu la note de 16/20. Je n’en revenais pas le jour de la remise des attestations de réussite. Le président de mon Jury était présent et a renouvelé à mon égard ses félicitations. Mais c’était vraiment loin d’être gagné. Je vous explique :

Excepté mon travail de « collecte » de l’actualité, je n’ai pas travaillé le programme des libertés fondamentales durant mon année de préparation. J’avais décidé de me concentrer uniquement sur les écrits. Dans ma tête, je me disais que je ne débuterais les révisions pour le grand oral qu’à compté de la fin des écrits (j’avais 1 mois entre la fin des écrits et les résultats d’admissibilité). En soi, ce n’est pas une mauvaise idée. Il faut principalement se concentrer sur les écrits (le taux de réussite à l’issue des oraux varie entre 85 et 100%). Durant l’été, j’ai pourtant essayé d’intégrer dans mon planning de révision estival quelques heures par semaine pour réviser les libertés fondamentales mais je n’ai jamais réussi à me mettre à 100% dans ces révisions. J’étais bien trop préoccupé par les admissibilités.

Ce que je n’avais pas envisagé, c’est le « lâcher prise » à la fin des écrits. C’est une réaction normale après l’effort fournis pendant les écrits. Le plus important étant de s’y remettre le plus rapidement possible. J’ai mis personnellement du temps pour me remettre des écrits et j’ai eu beaucoup de mal à réviser mes oraux. Du coup les révisions des libertés fondamentales ont été laborieuses. Entre la fin des écrits et les résultats d’admissibilité, j’ai eu un mois mais je n’ai pas su mettre à profit ce mois de révision. Lorsque j’ai été déclaré admissible aux oraux, j’ai un peu paniqué car c’est là que je me suis rendu compte que je n’étais absolument pas prêt à passer un grand oral. Heureusement, j’avais là encore un mois entre les résultats d’admissibilité et le grand oral (tout en sachant qu’entre les deux, j’ai eu mon oral de spécialité, un oral de procédure civile d’exécution et l’oral d’anglais..) mais ce fut les pires jours de révisions de ma vie (levée à 7h et révisions non stop jusqu’à 23h avec pause déjeuner quand même, à ne surtout pas reproduire !).

Pour réviser le grand oral dans ce laps de temps très court (à peine 1 mois entrecoupé des petits oraux), j’ai repris les annales de mon université (certains thèmes revenant régulièrement) et à chaque sujet, j’ai construit un plan détaillé que j’ai appris par coeur en récitant à haute voix en condition d’examen (avec chrono de 15 minutes). Avec le recul, c’est un travail de forçat mais cela m’a été d’une grande aide. Le Cabrillac m’a beaucoup aidé également car il propose des sujets en fonction des thématiques.

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Dans le diaporama ci-dessus, vous retrouverez un exemple de mes fiches que j’ai réalisé (l’euthanasie en droit français). Elles sont très détaillées mais il faut aussi se souvenir que l’exposé doit quand même durer 15 minutes. A ce titre, notre enseignant à l’IEJ nous avait découpé les 15 minutes de cette façon pour éviter le déséquilibre. Il nous avait mis en garde sur une introduction de 2 minutes qui n’est pas un bon signe.

  • introduction : 5 minutes
  • 1ère partie : 6 minutes
  • 2ème partie : 4 minutes

Organiser ses révisions pour le grand oral :

Ce travail de fichage que j’ai débuté bien trop tardivement, je vous conseille de le débuter dès cet été. Avec le recul, je me dis que j’aurais dû m’y mettre un peu plus sérieusement durant l’été.

Commencer à « réviser » le grand oral dès le début de l’année est en revanche contre-productif compte tenu du programme des écrits déjà conséquent. En revanche, il faut assister régulièrement aux conférences organisées par son IEJ ainsi qu’aux simulations. Elles sont souvent publics et elles permettront au minimum de dédramatiser le passage de l’oral le jour J.

On peut déjà ficher tout au long de l’année, l’actualité des grands thèmes suivants :

  • le principe d’égalité
  • la dignité de la personne humaine
  • la liberté d’aller et venir
  • le droit à la sûreté
  • le droit à la vie privée et familiale
  • la liberté de religion
  • la liberté d’expression
  • la liberté de réunion
  • la liberté de manifestation
  • la liberté d’association
  • le droit au logement
  • le droit de vote
  • le droit de propriété
  • la liberté d’entreprendre
  • le droit au travail
  • le droit à un environnement sain
  • le droit à un procès équitable
  • laicité
  • la liberté d’enseignement

Après ce premier travail, on peut également s’intéresser en amont aux sujets de son IEJ. Pour rappel, la création des sujets du grand oral de 2017 restera propre aux IEJ. Il sera donc toujours intéressant de récupérer les annales de son IEJ même en 2017.

En résumé : Cette année débutez vos révisions tôt, plus tôt que lors des sessions précédentes. Essayez de vous bloquer chaque semaine durant l’été prochain (Juillet/Aout), 1/2 journée- 1 journée (5h à 8h par semaine, pas plus).

Les manuels autorisés pour le grand oral :

Il faut aussi apprendre à manipuler les documents et manuels autorisés le jour du grand oral. Pour l’instant, aucune indication de la part de la commission nationale quant aux documents autorisés le jour du grand oral mais il est fort à parier que les manuels autorisés  seront les mêmes qu’en 2016 (codes non commentés ; Oberdorff..). C’est la fameuse « valise de codes » que nous avons tous le jour de l’examen. (Là encore, multiplier les codes le jour de l’examen peut rassurer mais aussi avoir l’effet inverse et l’on peut facilement être noyé. La préparation ne dure qu’une heure).

Personnellement, lors de ma préparation, j’avais pris (de mémoire), le Code civil, le code de procédure civile, le code de procédure pénale, le code pénal, le code de commerce, le code du travail, le code de la santé publique, le code de droit administratif (version 2014, la dernière non commentée malheureusement). Je n’ai finalement utilisé que l’Oberdorff, le Code du travail et le code de la santé public.

L’Oberdorff est l’outil indispensable pour préparer le grand oral. C’est un recueil des textes les plus importants de libertés fondamentales. Il est nécessaire de bien le maîtriser le jour de l’oral et d’avoir révisé avec.

Je vous conseille à ce titre d’apprendre le plus tôt possible :

  • les 18 premiers articles de la Convention européenne des droits de l’homme et le contenu des protocoles additionnels
  • les articles de la DDHC
  • les articles de la Constitution

Il faut vraiment les connaître. Le jour de l’épreuve, vous n’aurez pas besoin de feuilleter l’Oberdorff (gain de temps) et vous n’hésiterez pas sur les questions du jury. Apprenez également le fonctionnement de chaque institution comme la CEDH, la CJUE, le Conseil Constitutionnel, le Conseil d’Etat..

J’avais également appris les PPNT, les PFRLR, les PVC, les OVC..Cet apprentissage est un peu rébarbatif mais là encore, il permet de gagner en assurance le jour de l’examen.Le jour du grand oral, il faut pouvoir jongler entre tous ces principes de la manière la plus fluide possible. Il faut donc être « détendu intellectuellement ». Lors de mon oral, j’ai eu cette impression d’un « mitraillage » de questions. Il faut vraiment réfléchir rapidement mais rien ne nous empêche de réfléchir à haute voix : on ne vous reprochera jamais d’exposer votre raisonnement juridique, au contraire.


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9 réflexions sur “Quand débuter les révisions pour le Grand Oral ?

  1. Merci beaucoup pour tous ces précieux conseils ! Je me demande juste, quelle était votre sujet au Grand Oral ? Et quelles étaient vos matières de spécialisation ? Comment s’organiser pour l' »apprentissage » des matières qui nécessitent d’être un minimum à l’aise avec elle lorsqu’elles ne sont pas du tout nos matières de spécialisation ?

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  2. Perso, j’étais persuadé d’avoir loupé les écrits, j’ai donc commencé les révisions le lendemain des résultats d’admissibilité, dans la plus pure tradition de l’obtention du crfpa en réussissant le grand O à la one again, brodant un exposé sur les violences policières.

    Le grand O est une épreuve singulière, presque un entretien d’embauche, même si l’on est déstabilisé, il faut garder la tête froide et sauver à tout prix les apparences. Ayez confiance en vous, dites vous que vous n’êtes pas là par hasard !

    Bon courage

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