Vous êtes très nombreux à vous poser des questions purement formelles quant au déroulement du Grand Oral :
- la tenue vestimentaire
- Comment se présenter lors de son entrée dans la salle d’examen
- Comment débuter et introduire son exposé
- Comment faire comprendre au jury que son exposé est terminé
- Comment répondre aux questions subsidiaires et quelle attitude adopter lorsque l’on ne connaît pas la réponse.
Des éléments de réponses dans cet article, actualisé pour le #CRFPA2018 :
La tenue vestimentaire
Est-il nécessaire de consacrer une partie sur cette question fondamentale qu’est la tenue vestimentaire. Loin de moi l’idée de réaliser un classement des looks version GQ mais disons que quelques basiques sont à respecter :
- Pour les hommes : un costume-cravate. Costume foncé (du noir, du gris, du bleu marine). Attention également à votre montre et à vos chaussures (cirage obligatoire). Soyez vigilant sur la cravate (cravate à motifs pourquoi pas mais des motifs discrets) (j’ai retiré au dernier moment ma montre Swatch bleue, pas du meilleure goût pour un oral comme celui-ci. Privilégiez une montre classique et gardez dans votre poche la Rolex porte-bonheur de papy)
- Sujet épineux pour les hommes : la barbe. Il peut être conseillé de la raser même si elle est régulièrement taillée. Je sais que c’est difficile, on y tient beaucoup, c’est beaucoup d’entretien mais le look hipster n’est pas forcément bien valorisé au grand oral. A noter qu’aujourd’hui, la barbe est de plus en plus acceptée au travail et l’est également lors des oraux. Discutez-en entre vous. Pour vous rassurer, le jury sera bien plus regardant sur une barbe de 3 jours négligée…
- Pour les femmes : On va aussi rester dans le classique. De ce que j’ai vu lors de mon Grand Oral et qui fonctionnait plutôt bien : Un tailleur jupe / chemise ou tailleur-pantalon. On peut mettre un peu de couleur. Pour les chaussures : je sais que là ça devient aussi compliqué pour vous que pour moi ;-). A vous de voir : escarpins (pas trop haut) ou mocassins
- Pas trop de maquillages / cheveux attachés / Pas trop de bijoux non plus.
Mesdames (et Messieurs) sachez qu’un brin de sensualité couplé à une élégance distinguée n’a jamais tué personne ! Il faudrait jouer de malchance pour tomber sur un jury exclusivement féminin (ou masculin) et souffrant d’un complexe d’infériorité physique.. Plus sérieusement, je pense que le délit de belle gueule n’existe pas.
je crois aussi que le plus important c’est de vous sentir à l’aise. Certains ne supportent pas la cravate et peuvent se sentir à l’étroit. C’est alors un mauvais moment à passer. Et si l’asphyxie vous guette, on peut quand même déboutonner le dernier bouton de sa chemise…
Enfin, et dans le désordre, soyez vigilants sur les signes religieux que vous pouvez porter ainsi également qu’à vos tatouages (la patte de chien tatouée dans le cou (erreur de jeunesse?) se cache avec un beau col roulé 😉 ).
L’entrée dans la salle :
La question de savoir comment faire son entrée dans la salle d’examen d’un grand oral pourrait faire l’objet d’une thèse tellement les vérités et les contre-vérités sont nombreuses sur ce sujet.
Concrètement, lorsque vous aller vous diriger vers la salle d’examen, vous allez devoir attendre. Attendre que votre prédécesseur termine son épreuve. Lorsqu’il sort, vous attendez encore (sauf consignes particulières de votre IEJ)
En effet, le jury, pendant un temps plus ou moins long, va délibérer sur la prestation du candidat précédent. Cette période d’attente peut durer 5 voire 10 minutes. Il peut, s’il le souhaite faire une pause (après avoir entendu une dizaine de candidats c’est pour le moins légitime). Vous serez très certainement prévenu.
Lorsque la porte s’ouvre à nouveau, c’est soit un des membres du jury qui vous recevra ou une personne de l’administration qui vous accompagnera. (tout cela se fait de manière plus ou moins formelle en fonction des IEJ et j’énonce ici des règles générales).
Aussi, lorsque l’on vous fait signe de rentrer : Saluez d’un “Bonjour Madame, Messieurs” ou “Bonjour Mesdames, Monsieur” ou “Bonjour Messieurs..“. Dès cet instant, parlez d’une voix assurée, suffisamment forte. Soyez vigilants à cette “première impression”. Je vous préviens que l’effet peut faire “pshitt” si les membres du jury sont en train de discuter entre eux. Ils ne vous entendent pas forcément et vous n’aurez peut être pas de réponses. N’en prenez pas ombrage et restez concentré sur votre objectif
Evitez tout de même le “bonjour” rapide, à la volée, sans un regard vers le jury.
Evitez également le “Bonjour Maître, Bonjour Monsieur le Juge..”. Déjà, parce qu’ils ne siègent pas au jury du Grand Oral en cette qualité. Et puis, on aurait vite fait d’échanger les noms, de se tromper le moment venu de personne. De plus, vous ne connaissez peut être pas du tout les membres du jury et leur profession respective. Alors, pour éviter de vous tromper, le “Bonjour Madame, Bonjour Monsieur” et ses variantes, suffira !
Une règle cependant quasi unanime : le Président du jury est l’universitaire et sera placé au centre.
La posture durant l’épreuve
Les Premiers mots : Il est toujours très difficile de se lancer. On ne maîtrise pas tout dans ce type d’épreuve (et notamment la façon dont notre voix va réagir à cette montée de stress par exemple).
Je pense qu’il faut absolument commencer par “Madame / Monsieur Le Président, Madame, Monsieur“. Encore une fois, lors de votre intervention, vous n’êtes pas obligé de les appeler par leur titre (professeur, Maître..). Je ne sais pas d’où vient cette idée d’ailleurs. Il ne s’agit pas d’un entretien d’embauche mais bien d’un grand oral du CRFPA. Il n’y a pas de fonction professionnelle mais un jury avec un Président.
Ensuite, c’est à votre guise, j’avais poursuivit de la façon suivante “Je suis interrogé sur la question de savoir s’il existe un droit à ne pas travailler..“. Soyez bien clair sur la construction de vos plans et énoncez clairement vos titres. Soyez pédagogique dans vos propos et rappelez assez régulièrement l’état d’avancement de vos développements. ( du genre ” On peut maintenant s’intéresser à…” , “nous verrons dans un second temps..” “Toujours dans cette seconde partie, il faut maintenant comprendre, s’intéresser…”, ..”). Et je vous assure qu’à l’oral ce type de phrase, que l’on peut parfois qualifier de “bateau” n’est absolument pas scolaire.
De manière générale, soyez convaincant. Vous soutenez peut être une thèse aux antipodes de celle du jury. Peu importe, l’important est de réussir à convaincre avec vos idées du moment qu’elles sont argumentées. Vous avez le droit d’initier un débat au sein de votre jury. Ce sera peut être d’ailleurs l’amorce de vos questions subsidiaires. Attention à ne pas être trop clivant et à toujours vous “couvrir” par les règles de droit édictées.
Ne restez pas prisonnier de vos notes. Il faut s’en détacher le plus souvent possible. C’est une question complexe : arriver à capter l’attention tout en conservant un oeil sur ses notes. Je pense que le secret tient au moment de votre préparation. Ecrivez en entier votre introduction (elle vous rassurera), vos titres, vos sous parties. En revanche, procédez par tiret bien visible pour le reste de vos développements. Balayez du regard le jury (et pas seulement le Président, qui, est traditionnellement au centre)
Il est impératif de ne pas s’asseoir tant que le jury ne vous y a pas invité à le faire.
Durant toute l’épreuve, veillez :
- à conserver une posture droite,
- à ne pas être avachi sur votre table,
- à ne pas croiser les jambes,
- à vous asseoir ni trop en avant ni trop en arrière de votre chaise
- à ne pas croiser les mains
- à poser les mains à plat sur la table, paume contre la table
- à ne pas jouer avec vos bagues, cheveux, bracelets, vos stylos, vos manches..
- à respirer doucement et à contrôler votre rythme cardiaque
- évitez de boire durant l’épreuve (sauf grosse défaillance, début de malaise..Dans ce cas là excusez-vous et expliquez au jury votre situation). Si vous devez boire absolument, ne buvez pas au goulot (cela me rappelle une magistrate lors d’un cours à l’école des avocats qui nous racontait que certains avocats buvaient au goulot durant les audiences. Elle ne supportait pas cela tout comme de voir un avocat enfiler sa robe dans la salle d’audience).
Prenez des notes durant la seconde partie de l’épreuve, lors du débriefing de votre exposé et même lorsque le jury vous interroge. Demandez à reformuler une question si vous avez peur de ne pas l’avoir bien compris. Prenez le temps de la réflexion (laissez passer 3 secondes avant de répondre).
Important également : si vous vous apercevez que le jury prend des notes durant votre exposé, ralentissez le rythme et faites même une pause. Vous vous arrêtez et recommencez dès que le dernier membre du jury a terminé d’écrire. C’est souvent très apprécié !
A la fin de votre exposé, évitez le “je vous remercie“. Surtout, ne terminez pas sur une phrase abrupte, adaptez votre jolie voix pour qu’elle conclue naturellement votre exposé..
- Les question subsidiaires :
Il est possible que le Président du jury (qui distribue ensuite la parole aux autres membres du Jury du genre “Maître, vous voulez intervenir ?” ) vous invite à conclure rapidement par une phrase type “Il est temps de conclure Monsieur / Madame” (en vous coupant dans THE raisonnement dont vous pensiez qu’il allait faire THE effet..).
Dans ce cas, ne disparaissez pas sous votre chaise. Evaluez rapidement la situation : où en êtes-vous dans votre plan, quels développements allez vous conserver..
Les question subsidiaires devraient durer 30 minutes. Ne tirez aucune conclusion si votre jury ne termine pas pile à l’heure et vous épargne 5 minutes.
Sur les questions subsidiaires, il peut vous être demandé un approfondissement d’une notion que vous aurez développé lors de votre intervention (c’est souvent bon signe, le jury cherchant juste à savoir si vous maîtrisez bien cette notion).
De manière générale, si vous trouvez que le jury vous “enchaine” de questions avec une difficulté croissante à mesure de l’entretien, là encore, c’est bon signe. Rappelez-vous que le jury essaye de tester aussi votre capacité de résistance ! Prudence cependant, il ne s’agit pas d’un quizz à celui qui répondra le plus vite. Réfléchissez, prenez quelques secondes avant de répondre (et ce, même si vous pensez avoir la bonne réponse). N’oubliez jamais qu’aucune question n’est anodine.
Le jury peut également vous tester avec des positions clivantes ou contradictoires avec une mise en situation demandée. Là encore, il s’agit d’évaluer votre capacité à raisonner et à vous déstabiliser. Gardez votre calme et maintenez votre position. Si le jury pointe un défaut dans votre argumentation, sachez le reconnaître et temporisez.
Si vous ne savez pas répondre à une question : Ce n’est pas une fatalité. On peut toujours passer à côté d’une actualité jurisprudentielle. Les sujets sont inépuisables et il n’y a aucune honte à sécher sur une question. UNE seulement.
- Si c’est la première fois lors de l’entretien que vous séchez sur une question : un “Je ne sais pas” peut passer. Essayez tout de même de “dérouter” la question sur une notion approchante ( que vous maîtrisez évidemment…).
- Si c’est la seconde fois (il n’y aura pas de troisième fois) : Un ” Je ne sais pas” sera difficilement acceptable. Il peut être préférable de demander à reformuler la question. Vous en avez le droit. Et c’est peut être un défaut de formulation de la part du jury.
Lorsque les 45 minutes sont écoulées, le jury vous remerciera (le jury est très poli). Vous pouvez à votre tour le remercier d’un “je vous remercie de votre attention” ou moins formel “Merci à vous“. Gardez le sourire jusqu’au bout. Ramassez tranquillement vos affaires. Levez vous sans précipitation. Quittez la salle avec grâce et délicatesse. Vous êtes sûr de vous jusqu’au bout 😉
Et dernière chose : l’insonorisation des salles de fac n’est pas réputé pour être la meilleure qui soit. Aussi, évitez un débriefing sur votre prestation derrière la porte juste après votre épreuve. 😉
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Je tenais à vous remercier de vos nombreux témoignages et remerciements durant l’été 2018 à propos du blog et de son contenu. Il y a eu plus de 30 000 visites et plus de 80 000 pages vues. Vous êtes aujourd’hui plus de 4300 sur la page Facebook, 7700 sur le compte Twitter (que vous pouvez toujours rejoindre pour bénéficier de l’actualité en matière de libertés fondamentales : 1anpourleCRFPA ) !
Sachez également que j’essaye de répondre à tous vos messages (avec un temps de latence plus ou moins long).